Aux hasards de mes pérégrinations je trouve souvent des sites pouvant intéresser les profs sans qu'ils aient pour thème la techno. Je les déposerai dorénavant ici. Vous les lirez peut être. Vous les commenterez si ça vous tante. Libre à vous. JMR

lundi 23 juin 2008

Quand citer ses sources ne suffit pas

Il y a sur wikipédia comme sur d’autres sites Internet une inscription qui me pose question : “pour citer correctement la source copiez ce texte”. Il suffit effectivement d’un copier coller pour avoir le texte “normalisé” de la citation. Ainsi l’étudiant en mal de respect du droit d’auteur se fera un devoir d’effectuer ce simple copier coller (pour peu que son enseignant y soit réellement sensible) et ainsi de s’assurer l’estime de son correcteur. Nos amis juristes ont certes raison d’imposer cette règle mais peut-être faut-il aller voir de plus près ce que signifie “citer un auteur” dans l’esprit de celui qui le fait. On reproche aux jeunes d’aimer copier, désormais on peut aussi dire plagier (cela fait mieux). Alors on leur demande au moins de citer ce qu’ils copient que l’on puisse distinguer ce qui est d’eux et ce qui ne l’est pas. Parfois même par excès de zèle certains donnent des sources de documents qu’ils n’ont même pas copié et dont ils se sont à peine inspiré, voire pas du tout.

Car le fond du problème est, à mon avis, bien davantage dans ce que signifie “citer”. La suspicion du plagiat vient du fait que l’on subodore que le travail écrit ne soit pas le reflet d’un “travail intellectuel” de celui qui le transmets au correcteur. Afin d’éduquer celui qui fait cela on pense qu’il faut lui apprendre à citer ses sources. On pense ainsi que l’on fera la part du travail intellectuel de celui qui écrit. Malheureusement, cela me semble bien léger en regard du véritable enjeu de la copie : la compréhension.

Ce que l’on cherche à évaluer dans un travail intellectuel, c’est bien cette construction mentale qui résulte de toute une démarche et qui aboutit à cette production. Or ce travail mental repose sur le rassemblement de ressources pertinentes (externes ou internes, reprises, apprises ou crées) qui vont ensuite être assemblées dans le produit final. Le choix d’une ressource, son intégration dans le produit, son articulation avec les autres ressources sont autant d’éléments du travail mental qui supposent d’abord la “compréhension” autrement dit le “prendre avec” qui suppose une relation complexe à la ressource. Ce qu’Internet, à l’instar de tout support numérique, amène comme questionnement c’est que cette relation à la ressource peut être très mince, très éphémère, voire inconsciente (j’ai cliqué sans m’en rendre compte) et surtout pas complexe. Dès lors on se rend compte que le seul fait de citer la source ne suffit pas à évaluer la pertinence du choix, mais simplement le respect du droit.

C’est de citer dont il faut s’occuper vraiment. Autrement se contenter de mettre un renvoi à un livre voire au nom de l’auteur lorsqu’on veut y faire référence, ne permet pas de juger la pertinence de ce lien, c’est même parfois simplement un acte d’allégeance. De même l’extraction de phrases sorties de leurs contexte, accompagnées de la référence ne suffit pas. Citer un auteur, citer un texte, c’est d’abord intégrer une pensée “autre” dans sa “démarche de pensée”. Cela suppose donc un travail important sur ce qui amène à “utiliser” l’autre dans son propre travail. Le risque serait, si l’on est pas vigilant, d’utiliser ce fameux copier coller de la référence de la source sans se préoccuper de ce à quoi elle renvoie réellement, ou d’extraire sans discernement des passages et de citer la source sans respecter le contexte d’élaboration de ce passage.

Ainsi les aides à la citation des sources, ou l’éducation à la citation des sources ne suffisent pas, il faut remettre le vrai problème au devant des préoccupations : que signifie pour moi, l’utilisation de tel ou tel aspect de la pensée d’un autre. On me reprochera d’ajouter de la procédure à un réflexe qui est pourtant déjà méritoire lorsqu’il est installé. Je retournerai que si cela devient un réflexe on aura perdu le sens véritable de ce qu’est l’emprunt de la pensée de l’autre comme ressource pour ma pensée.

Il serait dommage qu’Internet et certains procédés techniques viennent à mettre l’accent sur la forme alors qu’il me semble fondamental de “comprendre” pour intégrer. Rappelons nous ce délicieux petit ouvrage présenté précédemment sur ce blog : “comment parler des livres que l’on a pas lus” qui dans un autre genre nous appelait certes à de la modestie, mais n’enlevait rien à cette exigence de rigueur.

A débattre, bien sûr

lundi 9 juin 2008

Donner un cours de droit à partir de chez-soi : une expérience hors du commun Frédéric Aubrais, Enseignant Administration 401 et Techniques Administra

J’enseigne, depuis plus de huit années, différents cours en lien avec le programme Agents et courtiers en assurance de personnes (LCA.1P) à la formation continue. Au début, je devais me déplacer pour rencontrer mon groupe, mais avec l’accroissement des possibilités d’Internet, le collège pour lequel je travaille a opté pour l’utilisation d’une plateforme de visioconférence. Au départ, j’ai éprouvé une certaine inquiétude, car je ne pourrais pas voir les participants, mais je me suis lancé dans l’aventure. Depuis, j’apprécie grandement enseigner de chez-moi. Voici comment cela se passe…

Accueil

Avant chaque cours, je me présente dans la salle virtuelle une quinzaine de minutes avant le cours et j'accueille mes étudiants qui arrivent dans la salle. Je fais avec eux des tests de son et je m’assure qu’ils ont accès aux documents qui seront utilisés durant la séance. La première vidéo Accueil avant le cours du lecteur nous présente comment cela se passe. Cela me prend un peu de temps, mais beaucoup moins que de me déplacer au collège. J’en profite pour établir des liens personnalisés et pour répondre à certaines questions particulières avec chaque étudiant, ce qui permet un bon climat dans le cours par la suite.

Lien entre les cours

Je prends ensuite le temps de faire un rappel des notions (vidéo 2) qui ont été abordées dans les rencontres précédentes. Cela permet aux élèves de réchauffer leurs esprits et de se remettre en phase avec le cours. Cette séance de révision est complétée par des mises en situation, de préférence apportées par les participants qui partagent ainsi leurs nouveaux acquis avec leur entourage.

Intégration de capsules vidéo en génie mécanique

Récits

Intégration de capsules vidéo en génie mécanique
Le lundi 2 juin 2008

François Lamy, enseignant
Technologie physique 244, Cégep de Saint-Laurent

François Lamy, professeur au département de génie mécanique, relate son expérience réussie d'intégration de la vidéo dans ses cours et explique comment elle favorise la réussite de ses étudiants.

Le programme de Techniques de génie mécanique a adopté l’approche par compétence en 2000. Comme vous le savez, cette approche, particulièrement adaptée pour les cours techniques, vise à enseigner non seulement le savoir, mais surtout le savoir-faire.

C’est notamment le cas pour le cours de Métrologie I où l’on demande aux étudiants d’effectuer le relevé et l’interprétation des mesures des pièces usinées. Ils doivent choisir convenablement le montage d’inspection, manipuler les instruments de mesure et finalement interpréter correctement les résultats.

Stratégie développée

J’ai organisé ma stratégie d’enseignement de façon à concentrer la théorie en début de session pour que les étudiants aient les informations concernant la calibration et l’utilisation des instruments. Ainsi, dans la deuxième partie de la session, le temps est plutôt consacré aux expériences en laboratoire réalisées par la rotation des équipes d’étudiants sur chaque poste de travail. Ce choix pédagogique est guidé par le coût d’achat énorme des machines et instruments de mesure mais aussi par mon désir de privilégier la diversité des expériences en laboratoire.

Ils sentaient que leur point de vue et leurs appréhensions face à un contenu et aux compétences difficiles à maîtriser seraient traiter en s'impliquant de cette façon dans la création des capsules.Pour certains étudiants, les notions de calibration et d’utilisation des instruments étant partiellement oubliées entre l’explication et l’exécution en laboratoire, je devais trouver une façon simple de réactiver ces connaissances. Or, il est quelque fois difficile de décrire une méthode de travail par un simple texte ou par des photos. Je me suis mis à la recherche de médias plus efficaces pour faire des démonstrations se rapprochant le plus d’une situation réelle de travail.

J’ai donc fait une quinzaine de vidéoclips d'environ une minute chacun. Je les ai mis sur la plateforme en ligne DECclic, reprenant mes explications accompagnées de la démonstration. Aussi, avant chaque laboratoire, les étudiants sont invités à visionner les clips les préparant aux expériences à faire.

Réaction des étudiants

Portant une oreille attentive à leurs besoins, je les ai fait participer à la réalisation et au montage des clips. Pour en faire 15, j’ai mis environ 3 heures au maximum. La capture vidéo s’est faite à partir d’un simple appareil photo numérique. Deux à trois étudiants ont participé à la capture des vidéoclips réalisés durant les deux séances de démonstration de laboratoires, respectivement pour chacun des deux groupes. Par la suite, sous mes suggestions de scénarios et de commentaires à apporter, un étudiant a participé au montage en y ajoutant un titre ou une brève description avant chaque thème traité et ce, en utilisant un logiciel approprié. Ce qui m’a motivé à impliquer les étudiants, c’est le fait qu’ils voient sous un autre œil que celui du professeur les informations et les commentaires importants à retenir.

La motivation des étudiants était palpable lors de la prise de vidéos et pour le montage. Ils sentaient que leur point de vue et leurs appréhensions face à un contenu et aux compétences difficiles à maîtriser seraient traiter en s'impliquant de cette façon dans la création des capsules. Ce fut notamment le cas sur les capsules concernant la calibration et l’utilisation des instruments, en accentuant davantage sur les manipulations plus susceptibles de causer des problèmes lors de leur utilisation dans la réalité. Pour moi, leur participation et leurs commentaires ne faisaient qu’enrichir mes présentations.

Plateforme utilisée

Enfin, j’apprécie DECclic puisqu’il est, entre autres, une aide à mon enseignement par sa disponibilité et sa facilité à supporter différents types de média. Cela le rend efficace et avantageux. Je n’utilise pas seulement DECclic pour les vidéos, mais aussi pour organiser chronologiquement mon cours, semaine par semaine : énoncer la théorie et mettre les exercices pratiques de calcul, les corrigés détaillés des exercices pratiques, les fichiers références format PDF sur l’utilisation des appareils et instruments de mesure, le tableau de référence format PDF sur les cotes et tolérances standards de dimensionnement pour les cônes, la queue d’aronde, le filetage, le bar sinus, etc. Aussi, DECclic me permet de présenter mes fichiers PowerPoint démontrant l’utilisation du logiciel Geopak employé avec une machine à mesurer tridimensionnelle (MMT).

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Une année avec Google (suite) Peut-on enseigner Google ?

mardi 3 juin 2008 par Frédéric Rabat Format imprimable
Mis à jour le : 5/06/2008

Quelles notions info-documentaires envisager ?

Dans un premier temps il me fallait répertorier les caractéristiques de l’objet d’étude, construire le concept « Google » et ses attributs.

Une définition

Partons de la définition de « moteur de recherche » que propose Pascal Duplessis dans son Petit dictionnaire des concepts info-documentaires. Disponible sur le site de Savoirs Cdi.

« Serveur spécialisé permettant l’accès sur le Web à des ressources, à partir de requêtes constituées de mots-clés ou de texte libre et selon différents paramètres. Ce type d’outil de recherche en ligne explore automatiquement et périodiquement les pages web (et non les sites) et les copie sur des serveurs dédiés. A partir de ceux-ci, des logiciels, appelés spiders ou crawlers, procèdent à une indexation sur tous les mots de la page. Ils constituent ainsi un index qui contient des liens vers les pages web répertoriées.

(...) Suite à la requête d’un utilisateur, un logiciel crée alors une page de résultats constituée de la recension de toutes les pages web répondant aux critères de cette requête. Chaque résultat présente le lien vers la page sélectionnée et l’assortit d’extraits situant les mots-clés de la requête dans le contexte de la page ciblée. A ce stade, les moteurs réagissent à nouveau de manières différentes, à partir notamment de la stratégie de présentation des résultats que proposent leurs concepteurs.

(...) Cet ordre d’apparition sur la page de résultats se révèle crucial pour certaines entreprises et secteurs influents (économie, politique, idéologie) et provoque des stratégies de placement plus ou moins répréhensibles (Voir Positionnement payant). Une typologie sommaire des moteurs d’ordonnancement des résultats fait apparaître deux principaux modes de présentation, l’un opérant au moyen d’un indice de popularité, le second par catégorisation des résultats. »

À partir de cette définition je suggère d’établir une liste de notions qui constitueront le noyau de notre projet d’apprentissage. Je propose une segmentation inspirée des trois étapes du traitement de la requête : la collecte de pages, l’indexation, le référencement/positionnement. Ce découpage correspond d’ailleurs aux étapes répertoriées par Marie-Laure Malingre et Alexandre Serres. La collecte des données et la constitution des index sur le site de l’Urfist de Rennes.

On lira également avec grand profit la description d’un stage récent de l’Urfist de Rennes (28 avril 2008), animé par Alexandre Serres et Marie-Laure Malingre, intitulé : « Moteurs de recherche : sortir de Google ». Le support du stage (en .ppt) est très complet.

A partir de cet examen préliminaire j’en déduis que les notions à aborder peuvent se décliner en : page web, serveur de données, formulaire de recherche, mots-clés, chaînes de caractères, recherche en texte intégral, « spider » (robot de collecte), robot d’indexation, calcul de densité, indice de popularité, classement des résultats, positionnement automatique, positionnement payant, économie des moteurs de recherche.

Le dispositif pédagogique

Il restait à imaginer un dispositif capable d’intégrer toutes ces dimensions tout en éveillant la curiosité des élèves (et exercer leur sens critique). Je m’orientais vers une séquence de deux heures en classe de seconde (demi-classe) et commençais l’expérimentation dés le début de l’année.

Les premières séances présentaient le modèle suivant : une progression partant d’un questionnement guidé (« maïeutique ») fait de constats et d’hypothèses destinés à progresser dans la compréhension de l’outil.

Déroulement de la première séance ( pour lire l'article complet)