Le Canada accuse un retard inquiétant dans plusieurs domaines clés de l'apprentissage et ce retard pourrait avoir des conséquences sur l’éducation des enfants et des adolescents, sur la formation des adultes et, finalement, sur la compétitivité de tout le pays.C’est le cri d’alarme lancé par le Conseil canadien sur l'apprentissage (CCA) dans le rapport «Bilan de l'apprentissage tout au long de vie au Canada: Progrès ou excès de confiance?» qu’il a publié mercredi.
Le document s’intéresse aussi bien à l'éducation des jeunes enfants qu’à l'enseignement primaire, secondaire et postsecondaire. Il traite également de l'apprentissage chez les adultes, de la formation en milieu de travail et de l'apprentissage chez les Autochtones.
»En 2006, lorsque le gouvernement du Canada a déclaré son intention de développer au pays un "avantage du savoir" nécessaire à son succès dans l'économie mondiale, le CCA l'en a félicité en soulignant cette étape importante», explique le Dr Paul Cappon, président-directeur général du CCA. «Toutefois, comme l'indique ce rapport, en permettant à ce retard de persister dans certains domaines clés de l'apprentissage, le Canada a peut-être créé un désavantage du savoir. À la différence du Canada, ses concurrents ont développé ou sont en voie de développer une approche coordonnée à l'éducation et à l'apprentissage tout au long de la vie.»
Le rapport souligne tout d’abord que le Canada se classe parmi les derniers pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour ce qui est des investissements consacrés à l'éducation des jeunes enfants.
Le pays manque par ailleurs des outils de mesure d’envergure pancanadienne qui lui permettraient d’offrir une meilleure information sur la qualité, l'accès, le financement et les politiques en matière de programmes d'éducation destinés aux enfants.
Certes, les résultats des jeunes Canadiens et Canadiennes du secondaire aux tests internationaux dans les domaines de la lecture, des sciences et des mathématiques demeurent élevés, concède le rapport. Mais le document souligne que de nombreux pays font des pas de géant dans ce domaine. À terme, le Canada pourrait se faire distancer par ces pays et perdre son avantage concurrentiel.
Le CCA déplore aussi le fait que, bien qu’un nombre croissant de jeunes fréquentent les établissements d'enseignement postsecondaire, le Canada soit le seul pays à ne pas disposer de système national dans ce domaine.
Autre motif d’inquiétude: les adultes. Selon le rapport, près de la moitié d’entre eux ne possèdent pas le niveau de compétence en compréhension de textes nécessaire pour réussir dans une économie mondiale compétitive. Les Canadiens figurent pourtant parmi les populations les plus éduquées du monde, rappelle le CCA.
Les méthodes d'évaluation qui sont utilisées au Canada sont aussi montrées du doigt pour leur incapacité à mesurer de façon satisfaisante l’apprentissage chez les Autochtones.
Ces méthodes se fondent en effet sur une compréhension partielle de la formation chez les Autochtones, l'obtention du diplôme d'études secondaires étant considérée comme le seul indicateur de la réussite.
Or, affirme le rapport, cette approche est incomplète et néglige de nombreux aspects de l'apprentissage qui sont de la première importance pour les apprenants autochtones. Pour corriger le tir, le CCA a travaillé avec des spécialistes de l'apprentissage chez les Autochtones de l'ensemble du Canada afin de mettre au point une approche capable de mesurer avec pertinence la réussite de l'apprentissage chez les Premières nations, les Inuits et les Métis. Un outil de mesure est né de cette réflexion: le Cadre d'évaluation holistique de l'apprentissage tout au long de la vie.
Le CCA brosse donc un tableau plutôt alarmant de l’état de l’apprentissage au pays. Le Dr Cappon croit pourtant qu’il est encore possible de redresser la barre. «Le Canada a encore le temps d'établir les conditions gagnantes nécessaires à sa prospérité future. Mais la question demeure: parviendrons-nous à saisir cette occasion?»
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